En juin, les adhérents Cap21 réunis en congrès national, se détermineront…

Interview de Laure Leforestier, candidate CAP 21 sur la liste Europe-écologie de Haute-Normandie

Dès les élections européennes, vous avez appelé à voter Europe-écologie bien que membre de Cap 21 et du Modem, quel a été le déclencheur de cette prise de position ?

La campagne du Modem durant ces élections européennes m’a laissée sur ma faim. Même si dans ma région la candidate du Modem était Corinne Lepage, qui tenait un langage clair et cohérent sur ses engagements futurs de parlementaire en termes d’écologie et d’environnement, le discours national se contentait de mettre en scène François Bayrou et son opposition au président de la République. Le cœur du sujet, l’Europe, était occulté. Il y a en outre certains projets dans ma région auxquels je suis farouchement opposée telle l’implantation d’un réacteur EPR à Penly près de Dieppe. La position de Corinne Lepage sur ce sujet est sans ambigüité, ce qui n’est hélas pas le cas de l’exécutif local du Modem.
Pendant cette période, j’ai participé avec d’autres « collègues » à un collectif de blogueurs, de sensibilités politiques allant de l’UMP au Front de Gauche. Nous avons rencontré lors d’entretiens toutes les têtes de liste. La rencontre avec Hélène Flautre, euro-députée sortante et candidate d’Europe Ecologie a été assez déterminante, au point que j’ai commencé à hésiter. L’élément déclencheur aura été ce fameux débat télévisé où François Bayrou utilisera face à Daniel Cohn-Bendit des arguments plus que limite. A ce moment là, il m’est apparu évident que je ne pouvais plus conforter, malgré tout le respect et toute l’estime que je porte à Corinne Lepage, un parti dont le chef use de ficelles populistes aussi écœurantes.

Aujourd’hui vous êtes candidate en Haute-Normandie sur la liste Europe-écologie, une blogueuse démocrate y trouve-te-elle toute sa place ? Europe-écologie souhaite rassembler la galaxie écologiste, est-ce le cas localement au-delà du logo Europe-écologie?

En préambule, je tiens à préciser que cette idée de travailler à un projet politique avec les écologistes n’est pas nouvelle pour moi. Déjà, à l’automne 2007, nous souhaitions former une liste d’union avec les Verts de Rouen pour les municipales. Les instances nationales du Modem en ont décidé autrement à l’époque et je me suis mise en retrait car je ne validais pas personnellement l’option qui avait été prise. Donc ce dialogue avec les écologistes existait depuis un moment. Aussi, lorsque Claude Taleb (tête de liste EE en Haute-Normandie) et Jean-Michel Bérégovoy (élu Vert, adjoint au Maire de Rouen) m’ont invitée à signer l’appel Haute-Normandie Ecologie et à les rejoindre dans le comité qui prépare les élections régionales (CAPr), j’ai répondu présente. L’élaboration d’un projet politique pour la Haute-Normandie s’est opérée d’une manière tout à fait passionnante. Basée dans un premier temps sur des ateliers participatifs découpés en quatre grandes thématiques, nous avons ensuite décliné au sein de douze comités de rédaction l’ensemble de nos propositions. Au total, c’est plus d’une soixantaine de personnes, militants des Verts, de Cap21 ou de Convergences, membres d’associations et d’ONG ou simples citoyens désireux de s’engager qui ont ensemble écrit le projet régional. Notre programme sera présenté le 5 février et nous n’aurons pas à en rougir, loin de là !

Chez nous, le rassemblement est effectif, toutes les associations environnementales impliquées sur le terrain sont présentes. Il est d’ailleurs amusant de constater qu’en cette période pré-électorale, certaines luttes menées de longue date trouvent une issue favorable. Je pense plus particulièrement à l’arrêt du projet de terminal méthanier à Saint-Jouin de Bruneval ou à la protection de l’estuaire de la Seine.
En ce qui concerne la démocratie, j’apprécie particulièrement la manière dont les débats se mènent au sein d’Europe Ecologie Haute-Normandie. Les prises de paroles se font dans le respect et l’écoute de chacun et de ses arguments. On peut parler ici d’intelligence collective. Et s’il y a un sujet sur lequel écolos et démocrates se retrouvent en étroite symbiose, c’est bien sur la manière d’envisager la gouvernance et la fonction élective.

Dans certaines régions comme en Haute-Normandie, l’entité régionale Cap 21 a rejoint EE, dans d’autres comme en IDF des adhérents de CAP 21 sont intégrés mais à titre personnel. Au niveau national, Corinne Lepage reste associée au MODEM. Comment voyez-vous la suite du rassemblement après les élections afin de constituer une grande force écologiste en France ?

Ce souhait du rassemblement des écologistes, Corinne Lepage le formulait dès le soir des européennes. Cap21 a laissé à chaque région la possibilité de se positionner de manière autonome. Dans certains cas, comme chez moi, les adhérents, après contact avec les équipes et les projets d’Europe Ecologie et du Modem, ont choisi le rassemblement écologiste. Ce ne fut malheureusement pas toujours le cas ; il n’en demeure pas moins que je considère notre décision locale comme une expérience qui pourrait avoir vocation à s’étendre par la suite. Il faudra bien sûr tout d’abord se confronter aux résultats des scrutins des 14 et 21 mars prochains pour mesurer le poids de l’audience écologiste auprès des électeurs et vérifier que notre projet politique a été entendu et validé.
En juin, les adhérents Cap21 réunis en congrès national, se détermineront pour savoir si l’association avec le Modem se prolonge au-delà de 2010 ou si elle s’arrête. A titre personnel, je me prononcerai pour l’arrêt car je regrette que le Modem et plus particulièrement son chef, n’aient pas su donner toute sa place à l’écologie.
Plus je nourris ma réflexion, plus je suis persuadée que l’écologie politique propose les solutions concrètes face aux enjeux de ce siècle. Au niveau national, je considère que c’est aussi sur cette base que l’on peut espérer voir émerger la refondation de la gauche et une alternative crédible à la politique de Nicolas Sarkozy. J’espère vivement qu’Europe Ecologie sera le creuset de cette nouvelle force capable de redonner le goût de la politique aux citoyens. Il nous faudra être capables d’imaginer un fonctionnement différent de celui des partis actuels, souvent trop pyramidaux et figés, nous intéresser aux nouvelles pratiques militantes et garder cette énergie créative qui est aujourd’hui notre signe distinctif dans le morne paysage politique français.

6 réponses à “En juin, les adhérents Cap21 réunis en congrès national, se détermineront…

  1. marie-elisabeth

    êtes vous favorable à la régularisation de toutes les personnes sans papiers et à la liberté de circulation dans le monde ?

  2. Je réponds en tant que responsable national de la thématique transports à CAP21, animateur de la commission transports au Modem, ainsi qu’à terre démocrate. Je suis un des fondateurs de CAP21, responsable de la première heure.

    Sur les rapports entre cap21 et Europe-écologie, il convient de préciser certaines choses pour que l’électeur haut-normand ne soit pas abusé. Le Modem, par l’intermédiaire de sa tête de liste Danielle Jeanne, qui était candidate à la candidature à l’automne, a fait des propositions de liste commune au premier tour à Europe écologie. Ce mouvement voulait bien les cap21 mais sans le Modem, alors que nos programmes étaient majoritairement compatibles. CAP21 étant statutairement co- fondateur du Modem, cette position d’europe écologie n’était pas possible.
    La procédure de consultation régionale des membres de cap21 s’est faite dans la précipitation suite à une décision du bureau politique national de cap21. Les membres régionaux de cap21 (au nombre d’une quinzaine) n’ont pu s’exprimer comme il le fallait sur une décision aussi importante que l’alliance de cap21 Haute-Normandie au premier tour avec Europe écologie. Le délégué régional a organisé l’assemblée régionale des cap21 un jour de semaine à 16h, heure à laquelle personne ne pouvait venir. La décision a donc été prise à 3 ou 4 personnes dans un café à Rouen. Ces personnes n’ont même pas pris la peine de m’attendre alors que j’avais prévenu que je ne pouvais venir avant 20h, étant pris au conseil consultatif de développement de l’agglo de Rouen en tant que président de l’association vélo pour rédiger la fiche action vélo que j’ai réussi à introduire dans les priorités de ce conseil à la force de conviction. Deux membres de cap21, Ludovic Frère et moi-même, sommes mêmes venus vers 17h15 (alors que j’avais prévu 20h) et n’ont trouvé personne au lieu de rendez-vous. Le délégué régional n’a fait aucun effort pour consulter la totalité des adhérents, sinon, le résultat de l’alliance officielle cap21 Europe écologie eut été tout autre. Bref, il n’y avait pas de quorum défini, ce qui est contraire à tout processus électoral digne de ce nom. Le programme du Modem a même été caricaturé et perverti dans Paris-Normandie dans des termes d’une malhonnêteté intellectuelle indigne.

    Alors que ma position vis à vis de ma tête de liste Danielle Jeanne et vis à vis du délégué régional a été transparente du début à la fin, le délégué régional n’est pas venu le Samedi où l’assemblée des Modem a été faite à l’hôtel de Val-de- Reuil pour défendre son point de vue.

    On ne peut donc pas dire que la position officielle de cap21 Haute-Normandie correspond aux voeux de ses adhérents. Il y a un déficit énorme de démocratie et de gouvernance.

    Ce sera au congrès national de débattre de ces questions au niveau national pour éviter de telles dérives. La position de cap21 national doit être claire.

    Il ne faut pas oublier les 40 000 adhérents du Modem qui ont espéré en 2007 et sont encore dans le mouvement. Il eut été plus constructif pour les écologistes et le Modem de travailler ensemble pour résoudre les problèmes économiques immenses des français. Notre programme a l’allure pour le faire. Il n’attend, dans le futur, que prendre de l’ampleur avec l’appui des écologistes. Si nous n’arrivons pas, dans le futur, à réunir l’ensemble des partis de progrès, nous aurons une écologie pour les riches pendant que les autres continueront de subir une destruction de valeur de leur patrimoine et leur revenus ne leur permettant pas d’investir pour préparer leurs revenus futurs. C’est maintenant qu’il faut s’attaquer à une meilleure répartition des fruits de la croissance passée. Une écologie sans justice ni démocratie n’est pas plus soutenable que la gestion actuelle du gouvernement. C’est pourquoi nous avons besoin en Haute-Normandie d’une vraie démocratie de parti.

    En attendant, il est difficile de dire qu’Europe écologie Haute-Normandie est un mouvement ouvert, contrairement à ce qu’avait pensé Dany Cohn-Bendit pour les européennes. C’est dommage car Europe écologie ignore que derrière le Modem il y a 40 000 adhérents en France, dont des membres de grande qualité qui travaille dans les commissions thématiques.

    Nous aurions pu faire près de 20% des voix et avoir un poids significatif dans la région. Europe écologie a gâché l’occasion de peser plus, c’est dommage.

  3. @ Dominique Bied :

    D’accord avec vous pour constater et déplorer le déficit de démocratie interne et de gouvernance au sein de Cap 21.

    En Alsace, notre déléguée régionale mène sa barque comme elle l’entend, sans aucune consultation des adhérents Cap 21. Depuis de longs mois, YM est dans une opposition farouche à la candidature et au projet défendu par Yann Wehrling, alors que deux adhérents Cap 21 – dont je suis – sont sur sa liste.

    Le programme défendu par Yann est exemplaire au plan d’une écologie réaliste et responsable.

    Toutefois, Corinne Lepage ne semble pas vouloir soutenir le candidature de Yann, alors qu’en Alsace, aucun membre de Cap 21 ne participe à la liste Europe Écologie.

    « Faire de la politique autrement », disait Corinne Lepage… On en est loin !

    PS : le lien vers votre blog est cassé.

  4. J’ajoute que des membres de Cap 21 n’ont même pas été interrogés lors de la consultation interne du 22 janvier… Formulaire d’enquête diffusé selon le libre arbitre de la déléguée régionale… Faire de la politique autrement…

  5. @dominique B et Pierre S,
    Je ne comprends pas bien vos propos car il y a eu une consultation nationale de TOUS les adhérents de CAP21 afin de connaître leur position.
    Les réponses ont été renvoyées directement au siège de CAP21 par les adhérents.
    dominique lemoine
    membre du bureau politique

  6. Je réponds à Dominique Lemoine,

    Certes il y a eu une consultation nationale, mais la liberté était donnée à chaque région de se déterminer en interne pour déterminer la position régionale. Il n’y a pas eu, au niveau du nationale une consigne systématique d’y aller avec Europe écologie au premier tour. Je maintiens que la consultation des adhérents au niveau régional s’est déroulé avec une légèreté incroyable et dans des conditions indignes d’un parti démocrate. Le travail avec le Modem était excellent en Haute-Normandie. C’est grâce à moi que beaucoup d’UDF de 2007 sont venus à cap21, avec un travail en profondeur d’argumentation. J’étais arriver à faire percer une vraie culture développement durable au Modem HN. La légèreté avec laquelle Mathieu Amelot et Laure Leforestier ont organisé cette consultation régionale a mis à mal tout ce travail et c’est dommage. Beaucoup de Modem se trouvent aujourd’hui désemparés par les positions officielles affichées par cap21 HN et ne comprennent pas. D’autant que Claude Taleb, tête de liste d’Europe écologie entretient de très bonnes relations avec Danielle Jeanne, tête de liste Modem. Ce sont certains verts qui voulaient de cap21 sans le Modem. Comment pouvait-on accepter cela alors que cap21 était cofondateur du Modem.
    Ce défaut d’organisation au niveau régional laisse un champ de ruines à cap21 et au Modem. C’est très dommageable. Ce que je dis là n’est pas une position qui demande débat, ce sont les faits et rien que les faits tels qu’ils se sont passés. En sus, je viens d’apprendre que le LOGO de cap21 peut être utilisé sur les documents de campagne d’Europe écologie, ce qui met les adhérents cap21 colistiers modem dans une position très inconfortable. Le champ de ruines s’agrandit.

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